Projections mediatiques autour des « migrants ». De la quête d’un mieux-être au faire face du rejet ?
Media projections around « migrants » – Searching well-being or to face a rejection? / Article EN
« Migration ». Un terme omniprésent dans l’actualité politique, juridique, économique, environnementale … Que désigne la sphère médiatique par-là ? De nos jours, nombre de chercheurs préfèrent parler de “mobilité” ou de “circulation”, les termes étant plus explicites pour comprendre des flux à géographie variable dans le temps. « Migrants ». Un terme qui englobe tous types de citoyen dans un contexte de circulation, causé par les guerres, l’environnement, l’économie – de citoyens refugiés, des demandeurs de protection internationale, des déplacés du climat, des travailleurs frontaliers, une fuite des cerveaux, des exilés pensionnés ou encore fiscaux… Parmi tous ces types de profils, un point commun : la recherche d’un mieux-être. Dans cette quête, on peut observer quelques constantes positives au cours de l’histoire comme la stabilité de pays d’accueil ou la richesse d’échanges socio-culturels. Or, la récurrence des discours de rejet reste dominante. On constate ainsi à travers le temps les enjeux d’une information déontologique quant aux représentations de populations en déplacement (envahisseurs, criminels, violeurs…). Ce sont de ces représentations médiatiques de la « migration » dont nous traiterons au prisme des faits divers les plus stigmatisants, aux caricatures les plus dénonciatrices, de l’Ancien Régime à nos jours, dans le bassin méditerranéen.
Mots clefs : e/im/migration, histoire, presse, stigmate, caricature
Projections médiatiques autour des « migrants » : de la quête du mieux-être au faire face du rejet ?
Parmi toutes les régions du monde, le bassin méditerranéen est un observatoire remarquable : de l’Égypte à la Grèce antique, en passant par la période des croisades, de l’Empire Ottoman ou du 19ème siècle ouvrier jusqu’à aujourd’hui, les migrations de masse se renouvellent. Ces flux contribuent ainsi à la construction de nouveaux espaces. Malgré la variété des contextes historiques et des ruptures, il est possible de déceler dans la narration des phénomènes de migration, un certain nombre de permanences, d’images qui se répètent. Si l’on se penche sur les représentations médiatiques de ces permanences, il faut au moins remonter au 19ème siècle avec l’apparition de la presse des tribunaux sous l’Ancien Régime. En ces temps de migrations intra-muros puis frontalières, les faits divers s’appuient sur des compte-rendus tendant à stigmatiser violemment l’ensemble des migrants. De nos jours, ce genre de stigmatisation se renouvelle et s’accroit avec la digitalisation de l’information. Pour illustrer ces couvertures médiatiques, seront ainsi sollicités des travaux de disciplines croisées entre Histoire (Vigarello, Noiriel, Gastaut, Kalifa), Sciences de l’information et de la communication (Bonnafous) et des Sciences transdisciplinaires du réseau MIMED (Migrations en Méditerranée). Nous nous concentrerons ainsi sur les perceptions médiatiques des 19ème et 20ème siècle avant de nous focaliser sur la réception de l’information sur les flux de circulation actuels en Méditerranée, à travers les caricatures du dessinateur de presse Ali Dilem. Pour finir, nous préconiserons une information plus éthique concernant la quête d’un mieux-être et le risque de rejet auquel ledit “migrant contemporain” devra faire face.
Du migrant rural dans la presse de l’Ancien Régime
Du latin migratio, dérivé du verbe migrare, le terme “migration” désigne le fait de migrer, de s’en aller d’un endroit, changer de séjour, partir, émigrer… Comprendre les flux migratoires contemporains, c’est aussi prendre en compte leur complexité à travers l’histoire. Des populations partent, certaines ne font que passer, d’autres font des allers-retours avec le pays d’origine. Cependant, de tous temps, avec les déplacements de population, les nouveaux arrivants sont souvent incriminés.
En France, sous l’Ancien Régime, le monde urbain exècre les migrants ruraux et les changements sociétaux liés à de nouvelles formes de travail. La figure de ces immigrants se construit sur des préjugés : celle d’étrangers, envahissant l’espace et prenant le travail des autres pour des paies moindres. En ces temps, il s’agit de travail de service dans l’hôtellerie, la restauration, de gestion et de ventes en boutique. Les ruraux sont donc considérés comme des voleurs de travail, de métiers plus faciles et initialement réservés aux femmes, puisqu’ils nécessitaient moins d’efforts physiques, en ces temps industriels. Si l’on se focalise sur la perception médiatique de cette classe ouvrière, on remarquera aussi via le fait divers, qu’en plus, le rural, le « gueux », le « pouilleux » est souvent décrit comme coupable de crimes les plus abjects comme le viol. Ce sont les mêmes crimes tabous, aux chiffres gris[1], commis dans toutes autres classes sociales mais semblant qui sont surmédiatisés lorsqu’il s’agit des migrants ruraux, la classe sociale « inferieure » paraissant la plus criminelle et inéduquée parmi les Français. Ainsi, au début du 19ème siècle, l’opinion publique assimilait les agresseurs à des monstres frustrés issus du monde rural. Comme résumé par l’historien Georges Vigarello, les populations mal connues étaient derechef stigmatisées comme « barbares » et coupables (1998 : 187) :
« Les industries, leur encombrement, les migrants plus nombreux fascinent et inquiètent. La crainte de la violence vise moins celle des campagnes que celle des rues, cette promiscuité jusque-là inconnue dans les villes […]. Les « sauvages de Paris », ceux de Georges Sand ou d’Eugène Sue, sont autant de « barbares vivant au milieu de nous », « peuplades » renforçant la certitude d’un accroissement du crime, ouvriers d’un nouveau genre, migrants des campagnes transportant l’inquiétude au cœur des cités ».
Avec ces nouvelles populations inconnues autour de la ville, les portraits dépeints par la presse n’ont pas forcément aidé à leur intégration. L’image de cette migration intra-muros dans la métropole, se remarque avec la presse française La Gazette des Tribunaux. Né en 1825, le journal spécialisé dans le compte-rendu de procès, n’échappe pas à la mode du fait divers, fonds de commerce lucratif[2]. À cette époque, sa formule repensée fait partie d’une nouvelle presse qui fabrique de la curiosité en s’adressant à toutes les classes de la société. Comme le constate Georges Vigarello (1998), le quotidienrépercute de la sorte une nouvelle topographie criminelle lorsqu’il établit en série, autour de 1840, les crimes de mœurs commis par des ouvriers, entremêlant viols d’adultes et viols d’enfants : « les attentats à la pudeur se renouvellent de façon effrayante » (12/10/1838), ceux surtout d’ « ouvriers carriers » (20/05/1833), d’ « ouvriers maçons » (06/05/1841), de « garçons fumistes »(20/06/1833), de « charbonniers »(02/04/1842), de « deux hommes à demi ivres sur une ouvrière » ou sur « une jeune fille revenant d’un bal » (20/04/1842). Perçus comme des personnes fausses, des personnes à bannir, ils sont associés a des lieux oublies du progrès et dépravés. Ils viennent des faubourgs – des bourgs de la ville – et sont perçus comme faux et emplis de faux bourgeois inéduqués tout comme les banlieues renvoient à des gens « bannis du lieu », au moins éloignés à une lieue de la ville, en ces temps. Des titres de presse relatifs à ces quartiers populaires s’enchainent : des « jeunes gens du Faubourg Saint-Antoine sur une jeune fille mineure », ou encore « 12 ouvriers imprimeurs du faubourg » incitant La Gazette à « appeler toutes les sévérités de la justice » (12/10/1838) pour des actes « renouvelés plusieurs fois, toujours dans les mêmes conditions au Faubourg Saint-Antoine » (01/05/1841)[3]. On constate que le fait divers révélateur des représentations sociales fonctionne avec un mécanisme particulièrement redoutable dans le cas de l’immigration : il révèle un malaise social, mais aussi un rejet, une certaine xénophobie. Le lieu nourrit les stigmates. Pour la presse de ce temps, l’atteinte violente de vols et de violences appartiendrait d’abord au monde des villages et des hameaux. L’argument est même systématisé depuis le 18ème siècle, fixé sur une conviction : « l’incompatibilité entre l’existence de certains crimes et l’existence de la civilisation » et « l’appartenance du meurtre ou du viol à un monde rural fait d’archaïsme opposé à un monde urbain fait de modernité » (Vigarello, 1998 : 131-133). Le progrès se lit à l’aune de l’urbanité : la ville, son développement et ses lumières devraient éloigner la violence et le sordide. Finalement, l’utopie d’une civilisation industrielle et citadine, prête à remédier à tous les maux de la société, se met lentement en place : la civilisation devrait effacer crimes et délits. C’est au cœur de ces certitudes, pourtant, que prennent source des questionnements sur la réalité de la violence autant que sur la manière de l’évaluer, la ville et le crime suggérant des inquiétudes jusque-là inconnues.
Effectivement, en parlant d’un « monde des villages et des hameaux », et en le comparant à des « lieux oubliés du progrès », on peut voir, au travers d’analyses de presse, s’opérer un « procès de civilisation » désignant comme « non civilisés » ici, les migrants français ruraux, et, par association simpliste, les opposer à la modernité, en tant que primitifs et ignorants supposés (Saadaoui, 2010). Ces réflexions mènent à s’interroger sur les effets d’une pathologie urbaine. La ville serait plutôt un contre-exemple, un « antre poisseux de corruption, un gouffre de tentations » dont l’entassement aviverait tous les dangers tout comme l’augmentation des crimes et délits signifierait uniquement une croissance des « turpitudes et dépravations urbaines » (Vigarello, 1998 : 136).
Aussi, des travaux de démographie tels ceux de Jean-Claude Chesnais (1981) rejoignent les constatations de l’histoire des représentations susmentionnées. Ils se penchent sur la perception de ces sempiternels nouveaux migrants, qui sont désormais des couples de migrants, des familles regroupées et non pas des hommes seuls arrivant en ville. Si la figure du meurtrier barbare fait encore partie de l’imaginaire du crime, la presse informe alors sur une menace qui devient plus précise, plus localisée : c’est la peur du migrant voisin qui se substitue à la peur du campagnard, le migrant frontalier – quand bien même citadin – étant encore plus « étranger » que le Français rural : l’Italien et le Belge en premier lieu.
« Procès de civilisation » du migrant économique frontalier
Jusqu’aujourd’hui, on pourrait voir se répéter dans ces réprobations historiques un lent « procès de civilisation » (Saadaoui, 2010 : 17) qui découlerait des travaux sur les processus de civilisation de Norbert Elias (1969) qui voudrait que la société « civilisée », la « société de Cour » se donne le devoir de civiliser les autres classes sociales à son image. Avec ce procès de civilisation, apparaît alors une nouvelle sensibilité urbaine : « cité redoutée, vénérée et haïe où naissent les normes morales et sanitaires du XIXe siècle » (Vigarello, 1998 : 186), comme les normes de comportement confirmant l’« émergence d’une autre France » évoquée par l’historien Yves Lequin (1983 : 193). Les idées reçues sont entérinées, notamment celle selon laquelle les étrangers seraient une charge pour la société et un danger pour la cohésion nationale. Difficile de répondre à ces idées préconçues sur les migrants, sans parler d’un contexte politique favorable ou réticent à l’immigration.
Via un regard plutôt médiatico-politique, les préjugés sur des immigrés en provenance d’Afrique, d’Amérique latine ou d’Europe de l’Est s’accroissent avec de fortes montées d’extrémisme. Si l’on retourne à l’époque de l’Ancien Régime en France explicitée par Georges Vigarello, on s’aperçoit que les compte-rendus de La Gazette des tribunaux (27/02/1887) avec la représentation des auteurs de viols ou de viols collectifs commis par des accusés « étrangers » : du « sujet italien, ignoble personnage », des « sujets belges » faits d’« ignorants » ou encore d’« abrutis », habités par des « passions perverses »font régulièrement l’actualité, avec des appellations réductrices. La Gazette fabrique ainsi une « culture du crime » ce qui accroit son audience nationale, demeurée longtemps modeste à ses prémisses. L’historien Dominique Kalifa (1995 : 121) renforce ces constations en parlant de la presse de l’époque qui a tendance à plus dévoiler des affrontements violents quand ils sont commis par des étrangers, surtout s’il s’agit de rixes après des beuveries, entre ouvriers, entre Français et Italiens et aussi entre Italiens. Ce genre de stéréotypes semble avoir souvent visé les étrangers qui intègrent les classes sociales défavorisées, assimilées par la presse à des « barbares », des gens non civilisés, à des nouvelles « classes dangereuses ». Comme l’explicite l’historien Gérard Noiriel (1988 : 249) à la fin du 19ème siècle, s’il est vrai que les Italiens et les Belges ont été victimes d’une intense xénophobie surtout dans le monde ouvrier, il faut constater par ailleurs que les trois crises économiques modernes françaises (à la fin du 19ème siècle, et au 20ème siècle dans les années 1930 et à partir du milieu des années 1970) ont suscité autant de vagues de xénophobie contre de nouveaux migrants venus travailler. On comprend que la jeunesse française issue du monde ouvrier effraie et que ce ne sont plus désormais les ruraux ou les étrangers « migrants » des frontières françaises, mais les classes populaires et ouvrières qui tiennent « le rôle de la menace ».Le poids des mots est à prendre en considération dans un discours qui peut déboucher sur des polémiques sensibles comme l’ont illustré les faits divers discutés du 19ème siècle. Un travail d’analyse des formes discursives sur la représentation d’une population sociodémographique particulière est utile pour comprendre l’image des immigrés dits de première génération, puis de seconde génération, dans la presse écrite de la fin du 20ème siècle. Le traitement d’un sujet à polémique et les discours médiatiques qui en découlent sont particulièrement à considérer de manière prudente. C’est précisément le point sur lequel renseigne la chercheuse en Sciences de l’Information et de la Communication, Simone Bonnafous, avec son ouvrage L’immigration prise aux mots. Les immigrés dans la presse au tournant des années 80 (1991). Cette étude s’est intéressée aux attaques virulentes qui ont été émises à l’égard de populations originaires d’Afrique du Nord dans une partie intitulée « Extrême droite : de la théorisation à l’attaque » (1991 : 48-62). Elle montre notamment à partir d’exemples tirés de la presse comment reportages et enquêtes sur les faits divers peuvent s’organiser autour de récits décrivant l’horreur des crimes et délits commis par des immigrés. Ces derniers sont par ailleurs accusés par la presse d’extrême droite des années 50, Minute, d’être les violeurs de « nos » femmes. Pour exemple, le titre du reportage du 5 au 11 octobre 1977 : « Victime de quinze voyous, Brigitte est mutilée à jamais et pourtant… les VIOLEURS arabes sont EN LIBERTÉ ».
Stigmates des générations dites de l’immigration
A la fin du 20ème siècle et au début du 21ème siècle, l’histoire se répète encore et cette fois-ci pour la génération d’enfants nés en France, socio-politiquement appelée “seconde génération de l’immigration”. Les stigmates se pérennisent et se renouvellent toujours avec les crimes les plus abjects – tels le viol commis en réunion qui sera désormais appelé par la sphère médiatico-politique “tournantes” : on tournerait une femme, comme une activité ludique pornographique, comme dans un “gang bang”. Encore une fois, il s’agit d’un processus d’exploitation du « faits divers qui fait diversion » sur les malaises économiques du pays comme l’interroge en temps de délocalisations industrielles de masse, la thèse en Sciences de l’Information et de la Communication de 2010 « Traitements et interventions médiatiques autour des ʺtournantesʺ: du fait du divers à la question de l’immigration ? » (Saadaoui, 2010). Ce, dans un contexte où d’autres discours interfèrent, où les thèmes de la montée de l’insécurité et de la xénophobie sont prégnants au sein des débats qui accompagnent les campagnes électorales présidentielles de 2002. Le fait divers ciblé envers une population apparaît comme un élément supplémentaire déclencheur de « paniques morales » nationales — comme l’évoquait déjà pour les migrations françaises du 19ème siècle Gustave Lebon dans l’ouvrage pertinemment intitulé Psychologies des foules (1895). Le manque d’éducation et de repères de ladite première génération de l’immigration a souvent été un fer de lance pour expliquer les délits ou crimes commis en périphérie de la ville engendrant des peurs et psychoses. Nombreux sont les traitements médiatiques s’intéressant aux « enfants de l’immigration en déshérence » (Le Figaro, 05/11/2002).
En 2002, durant l’année où la presse a le plus discuté de viols commis en réunion en tant que « tournantes », sur France 2 à une heure de grande écoute, ce sont 100 minutes pour convaincre qui sont attribuées à des personnalités politiques, invitées à réfléchir sur le climat social français, non pas en relation avec les préoccupations socio-économiques prioritaires des Français, mais en relation avec le thème de l’insécurité[4]. Aussi, le ministre de l’Intérieur en fonction, Nicolas Sarkozy, annonçait-il une volonté de politique de fermeté face aux « barbares » : « Quand, à dix, ils se mettent dans des tournantes, j’appelle ça des barbares qui commettent un crime. Il est temps d’employer le bon vocabulaire » dit-il sur le plateau de télévision. Dans cette optique, est-ce alors si surprenant de voir s’afficher sans précautions aucunes sur le site Internet du parti d’extrême droite Mouvement National Républicain, cette définition de la tournante :
« Tournante : viol collectif d’ordre « initiatique », caractéristique des banlieues et des cités soumises à la loi des bandes ethniques […] ? Bien que difficile à évaluer en raison du silence des victimes qui craignent des représailles, le nombre de ces crimes odieux, qui frappent surtout des mineurs, serait selon tous les spécialistes, en hausse constante ».
Nombreux sont les partis extrémistes et xénophobes qui vont s’approprier les discours sur les « tournantes » pour pointer des problèmes de civilisation parmi les auteurs de viols collectifs. D’autres sites Internet ouvertement islamophobes ne tarderont pas à faire le lien entre viols collectifs, immigration et religion, les mêmes causes produisant les mêmes effets. Pour en arriver à la présence de tels propos sur la toile, il est intéressant d’observer le glissement de sens opéré du fait divers via le fait de société par le discours informatif.
Encore une fois, sont moins médiatisées des informations touchant à « l’image de la France d’en haut ». Le procès relatif aux CRS parisiens écroués pour viol en réunion sur des prostituées étrangères (Le Figaro et Le Monde, 13/12/2003) ou encore celles de policiers lillois écroués pour viol en réunion (Le Figaro, 28/05/2002) sont plus occultés. Un procès d’excès de pouvoir est un tant soit peu médiatisé, à la suite d’un compte-rendu d’audience de quatre policiers en fonction à Albi, relatant les Assises évitées pour quatre gardiens de la paix, présumés auteurs de viols. La journaliste Françoise-Marie Santucci pour Libération (03/07/2002) racontait le drame de la victime, Laetitia, une jeune mère de 19 ans et la peine infligée aux auteurs : un simple sursis requis pour plusieurs viols commis entre décembre 1999 et janvier 2001. Un autre journaliste Stéphane Thepot (Le Monde du 04/07/2002) relate encore un propos de Maître Gaubert, avocat général, non sans interpeller de par la comparaison : « Ce n’était pas une « tournante » comme dans les cités, mais une « farandole » », affirme M. Gaubert, qui demande la confirmation des peines prononcées ». Si à travers ces compte-rendus d’audiences, les protagonistes diffèrent de ceux ciblés dans le traitement des tournantes, on remarque dans cette « affaire de farandole » un schéma de défense pour les auteurs présumés, qui est le même pour la plupart des présumés auteurs se défendant en arguant de l’argument du consentement de la victime, de l’absence de perception de la gravité des actes.
Outre frontières, toujours en pleine crise économique de délocalisation industrielle, les représentations de l’immigration s’équivalent, avec encore une fois, une image salie de leur descendance. Si l’on se penche sur les presses francophones frontalières, belges ou suisses, le fils de l’immigré apparait tout aussi dangereux. En Belgique, pour le quotidien Le Soir, la faute est imputable à l’autre, à l’étranger, souvent à l’« Africain ». En témoigne, pour exemple l’article intitulé : « Justice – Arriéré judiciaire. Tribunaux paralysés faute de policiers (Le Soir du 18/05/05) » :
« Du côté de la 54e chambre correctionnelle, en vue de donner la priorité qui s’impose à une grosse affaire de viol collectif, imputé à une bande de jeunes africains, la MAF (pour Mafia africaine), peu d’affaires avaient été fixées ».
Sabine Pirolt pour la presse suisse L’hebdo (23/11/2007, pp. 76-82) consacrera un dossier consacré aux « tournantes de Suisse » intitulé : « Viols collectifs : demain, votre fille ? » Dans cet écrit, le traitement médiatique des viols commis par des étrangers en Suisse se rapproche d’articles de quotidiens de France ou encore de Belgique, à la différence près que les populations immigrées ou enfants d’immigrés visés sont souvent des étrangers des Balkans. Le traitement médiatique en Suisse et en Belgique, pour une partie de la seule presse francophone, révèle qu’il n’y a pas de frontières idéologiques pour le fait que la culture du pays d’origine puisse être stigmatisée dans le pays d’accueil. Le relai médiatique du viol s’impose encore une fois, sous l’angle de l’immigration, non seulement pour les immigrants mais aussi pour leur descendance, quand bien même ayant évoluées dans des valeurs d’égalité et de fraternité.
En ce sens, le traitement médiatique des viols commis en réunion, dénommés « tournantes » au début du 21ème siècle révèle un processus d’intégration difficile des migrants dans l’histoire de la société française plutôt qu’un phénomène d’exclusion spécifique au temps présent.
Prémisses de la caricature du « migrant méditerranéen » ?
Que ce soit par le biais de l’image (cinéma, télévisions, illustrations de presse) ou du texte (articles, reportages, dossiers), on voit que les grands titres des presses quotidiennes nationales et régionales, des hebdomadaires alimentent généreusement, jusqu’à son paroxysme le phénomène de « panique morale ». Ce qui montre que des représentations sombres de l’immigration attribuée à une population particulière est un sujet important à étudier aujourd’hui encore. Si l’on prend l’exemple des médiatisées traversées des migrants venant d’Afrique pour rejoindre l’Europe par la méditerranée, les traitements journalistiques ont contribué à un climat de panique déjà durant les flux de circulation : du pathos, des discours plaignant le sort des « migrants » mais aussi des projections socio-économiques menaçantes pour le pays d’accueil.
En termes de caricatures sur les crises des traversées des migrants dans le bassin méditerranéen, nombreuses ont été les parutions établies par Dilem, dessinateur de presse algérien[5] dont l’humour se lit dans la caricature entre cynisme, raillerie, ironie, sarcasme ou encore burlesque. Sous le titre « Migrants – L’Europe débordée » (Figure 1) répondent en chœur, les passagers dans une embarcation fortuite fortement remplie, « Pas plus que nous » (Liberté, 01/09/2015). Un autre dessin, montre de nouveau une embarcation remplie en mer, avec en titre « 137 000 migrants ont déjà traverse la méditerranée en 2015 » (figure 2), et le mot des passagers : « c’est l’Afrixit ! » (TV5 Monde, 03/07/2015). Cela renvoie aux préoccupations financières du Brexit comparées à celles de citoyens d’Afrique – du Nord au Sud. Nombres de caricatures dénoncent en temps de révolution industrielle digitale, les conditions de vie des Africains quittant le continent vers un mieux-être économique telle politiquement parlant, le Royaume-Uni.
Outre la traversée des migrants, ce sont aussi les arrivées qui sont caricaturées. Pour exemple celle où l’on voit arriver une embarcation pleine sur une plage où un gendarme français plante un panneau « STOP ». Et un passager de répondre : « …Et comment vous aller faire pour gagner la prochaine coupe du monde ? » (figure 3 – Liberté, 19/07/2018). Cette image dénonce une inhumanité face à une immigration économiquement choisie plutôt qu’une aide humanitaire ignorée.
En ce qui concerne les arrivées d’Afrique, on peut voir deux hommes dans les eaux de mer en train de lever les bras et l’un crier « au secours ». Face à eux, un homme de la Croix Rouge avec une bouée à son bras, leur répondant « Désolé !… Je ne reconnais pas l’accent syrien ! » (figure 4, Liberté, 12/09/2015), supposant ainsi que la France ne semble que concernée par les Demandeurs de protection internationale que sont les Syriens expatriés. En ce sens, c’est l’hypocrisie de l’Europe et subséquemment des ONG qui financent des dispositifs plus politiques, qu’humanitaires qui est dépeinte. Dispositifs intéressés encore, comme l’illustrent encore les rixes européennes sur l’intérêt des opérations, face au nombre croissant de morts et disparus en mer entre 2011 et 2015.
En 2013, le gouvernement italien et sa marine militaire, initient Mare Nostrum, opérations de sauvetage en mer face mais cette mesure sera supplantée fin 2014, par Triton, uneopération européenne sécuritaire – et non humanitaire – consistant à dissuader les citoyens en partance d’Afrique. Cette volonté de rejet s’est notamment soldée par des aides financières et des formations, hors de l’Espace Schengen, auprès de pays déstabilisés telle la Lybie[6]. Quand bien même l’immigration semble légale avec des flux d’immigration, elles ne semblent toujours pas bienvenues avec des arguments qui pousseraient à diriger une famille de migrants typée d’Afrique du Nord, dans une Europe des Balkans plutôt que dans une autre Europe, implicitement, une « Europe des Six »[7]. Ainsi ces pays que sont la Bulgarie, la Croatie, la Grèce, la Roumanie et la Slovénie, désormais membres de l’Union européenne semblent tout autant être dépréciés et rejetés, telles que présentés (figure 5). En somme, une Europe de seconde zone, moins chère et plus accessible, comme des places de football pour des équipes nationales, vendues au noir devant des entrées de stade (TV5, 26/10/2015).
Une caricature remarquée de Dilem s’intitule « Regroupement familial en Méditerranée » (figure 6, Liberté, 19/04/2015). On y distingue une maman et trois enfants, rejoindre au tréfonds de la mer, le papa noyé, allongé sur le ventre au milieu d’une faune et d’une flore vivantes, poissons, coquillage, étoile de mer, algues… La bulle du poisson « ?! » peut traduire une forme de questionnement candide, sur ces arrivées improbables dans leur environnement. Le dessin a été repris sur la page Facebook de la LICRA[8], entrainant ainsi de nombreux messages désobligeants, ce qui l’a contrainte à retirer le dessin. Pour l’hebdomadaire français Courrier de l’Atlas, le journaliste Nadir Dendoune s’est particulièrement intéressé en 2015, à cette caricature et à ses retours. Pour le journaliste, via le media social, de nombreux internautes se sont indignés « d’une liberté d’expression à géométrie variable régulièrement pointée du doigt ». Il cite notamment Sadia, un Sénégalais installé à Paris qui témoigne de cette charge de « deux poids deux mesures » qu’il ressent : « On peut rire de tout mais pas avec tout le monde mais le problème est que tout le monde rit de nous ». Le journaliste cite encore, entre autres témoignages sur les injustices du monde vu par le dessin de presse, Fatou, une Marseillaise :
« En 2015 on dessine encore les Noirs avec de grosses bouches rouges tel Tintin au Congo, c’est pathétique. Mais je ne pense pas que ce soit pour se moquer des migrants mais plutôt pour dénoncer ce qui se passe. Je ne pense pas que l’humour soit dirigé contre les Noirs. Mais, ils dénoncent plutôt les passeurs : ces vendeurs de morts. Ils dénoncent l’inertie de la communauté européenne et internationale. Bien sûr, c’est peut- être choquant mais c’est ce que je vois quand je regarde ce dessin ».
Cette représentation de Dilem apparait sans doute aujourd’hui comme l’une des plus illustres dénonciations de ce qu’il se passe en Méditerranée ; comme une sonnette d’alarme pour « mettre en maux » une réalité plus qu’une fiction sur le quotidien de ce que l’on appelle dans le monde arabe les « harragas », des « brûleurs » – en ce sens brûleurs de frontières. Ahmed Ould Djemri Saadaoui, président de l’Amicale des Algériens en Europe à Nancy[9] faisant partie de la dite première génération de l’immigration économique française dans les années 50 témoigne de la perception des migrants dans l’actualité de ces crises du Bassin méditerranéen. Pour ses pairs, l’immigration était choisie et désirée par les pays nécessitant une immigration de travail. Cette génération sacrifiée dont traite le sociologue Abdelmalek Sayad (1999) a participé de surcroit, à l’économie de son pays depuis l’étranger. En somme, avec la même volonté que lesdits migrants contemporains, qui sont eux considérés comme des rejetés, indésirables mais participant pourtant à une économie transversale des deux côtes de la méditerranée. Pour lui, cette image de harragas traversant la mer parle beaucoup des sociétés d’où ils proviennent.
« Il faut remarquer la contribution des harragas à la prise de conscience d’un mal être dans des pays, pourtant riches de ressources et riches d’une jeunesse motivée. Ces départs sont une fracture douloureuse pour la famille, mais aussi pour la patrie avec une fuite, un désarroi d’une jeunesse rêvant d’une société optimisée par leurs compétences. Elle n’en rêve plus devant une corruption que les gouvernements rendent “légale”, une oligarchie toute puissante, qui méprise son peuple en lui donnant des miettes… Des gouvernements encore plus gavés par des politiques et multinationales profitant des peuples et richesses africaines. Les départs des harragas montrent l’urgence à revoir les systèmes dits démocratiques. »
Le politologue Cherif Dris, dans un article traitant des « Nouvelles figures de l’immigration. En France et en Méditerranée » (2008) interrogeait justement la place de la question migratoire dans les rapports euro-méditerranéens en mettant l’accent sur les paradoxes de la politique de l’UE en matière d’immigration. Désormais, l’intensification de la lutte contre l’immigration clandestine vire à l’obsession sécuritaire d’un côté ; détournement de la matière grise des pays du Sud de l’autre. Qu’il s’agisse d’immigration dite « choisie », « non subie » ou « concertée », le risque est le même : le maintien de ces pays dans une situation de dépendance et de sous-développement permanents. Au final, autour du bassin méditerranéen, les interventions médiatiques sur l’immigration ont fait beaucoup de vagues et le thème a été repris au niveau international. D’autres pays ont utilisé le fait divers et ont aussi connu des dérives médiatiques. Dès lors, il semble judicieux de relire l’historien Gérard Noiriel déjà en 1988 :
« De tous les vieux pays d’immigration, la France est celui où les flux d’immigration ont toujours été le plus étroitement dépendants de l’état de marché au travail. C’est pourquoi, il y a ici un lien plus fort qu’ailleurs entre crise économique et xénophobie. En effet, dans les sociétés démocratiques, le rôle essentiel des porte-paroles est de nommer la crise, de désigner des responsables, de proposer des solutions. Chaque société nationale, compte tenu de ses traditions politiques propres, dispose d’un « stock » de formules stéréotypées, d’explications toutes faites, de boucs émissaires tout trouvés, qui sont mobilisés pour satisfaire les électeurs et que l’on retrouve dans la presse politique. »
Pour Vincent Geisser, politologue dont les travaux se centrent dans la même période que ceux de Simone Bonnafous précédemment cités, ce type de représentations par la presse dans les années 90 sont des symptômes d’ethnicisation de boucs émissaires choisis pour des fins politiques nationalistes. Une trentaine d’années plus tard, à l’issue des élections européennes de 2019, ce sont soixante-treize eurodéputés d’extrême droite, menés par le Rassemblement national et la Ligue italienne qui ont annoncé la création du groupe parlementaire « Identité et démocratie (ID). Les chercheurs du réseau MiMed (Migrations en Méditerranée) d’Aix en Provence, Virginie Baby-Collin, Sophie Bouffier et Stéphane Mourlane ont pour objectif de croiser les disciplines de l’histoire, de l’archéologie, de la sociologie, de la géographie, des sciences politiques, etc. Leurs travaux rejoignent les conclusions de chercheurs pluridisciplinaires suscites, des sciences de l’Information et de la Communication, de l’Histoire, de la sociologie ou encore de la démographie : cela n’a pas de sens au regard de l’histoire de s’imaginer qu’on peut fermer les frontières et vivre entre soi. La vision du monde d’un chacun chez soi n’est certes pas nouvelle. Les discours de rejet se répètent au fil de l’histoire. Seules les populations changent quand chaque nouvelle génération de migrants est sempiternellement accusée de tous les vices. La répétition dans l’histoire de ces discours s’appuie sur l’idée que les migrants représentent une menace. Ils sont perçus comme des ennemis sur le plan politique, comme une source de troubles pour la société, comme une concurrence déloyale sur le marché du travail ou encore comme facteurs de dégénérescence culturelle. Les chercheurs du MiMed axent encore leurs travaux sur les migrations comme initiateurs de synergies menant à la création d’autres cultures enrichissantes à la fois pour les locaux et les migrants. Cela rejoint encore la réalité socio-démographique voulant qu’en plus de l’intégration de personnes à des cultures différentes de la leur, il y a aussi la construction de nouvelles identités profitables à tout un chacun. Et indubitablement, les exemples observés en Méditerranée ne sont qu’un concentré de ce qui se passe ailleurs dans le monde.
Conclusion
Si on remonte dans le temps, on voit que les migrations ont toujours apporté des richesses inégalables avec des échanges de cultures et de connaissances diverses. Le rejet du résident fixe, qu’elle que soit son origine ou son héritage géographique prévaut sur l’acceptation de sa quête d’un bien être. Une réflexion sur le rôle des médias comme miroir de certains discours est à approfondir : malgré une représentation très différente de la réalité du terrain, il peut s’opérer une véritable distorsion de réalité qui traduit le fonctionnement du paysage médiatique. Comment interpellent encore l’ l’historien Yvan Gastaut et le médiateur social Bruno Quemada dans l’ouvrage Migrations : quand les préjugés s’en mêlent (2007), trop de préjugés à travers l’histoire entrainent le rejet, la mise à l’écart via des images véhiculées par le cinéma, la presse, des lobbys extrémistes… Dans ce contexte, incontestablement, à quoi sert et quelle force a le droit ? Comment lutter efficacement contre les stigmates ? Aussi, pour mieux comprendre notre présent et la complexité de certains phénomènes que l’on pense uniques alors qu’ils se répètent de manière accablante, il est nécessaire de regarder vers le passé pour préconiser un retour sur la liberté de circulation.
Linda SAADAOUI – Dr. en Sciences de l’Information et de la Communication
Source : Colloque ABIDJAN 2019 / AMEDDIAS/CERCOM
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Bibliographie
Ouvrages
Bonnafous S. (1991). L’immigration prise aux mots : les immigrés dans la presse au tournant des années 80. Paris, France. Éditions Kimé.
Chesnais J.-C. (1981). Histoire de la violence en Occident de 1800 à nos jours. Paris, France : R. Laffont.
Elias N. (1973). La civilisation des mœurs. Paris, France : Calmann-Lévy.
Kalifa D. (1995). L’encre et le sang. Récits de crimes et société à la Belle Époque. Paris, France : Fayard.
Lebon G. (1895). Psychologie des foules. Paris, France. Édition Félix Alcan, 9e édition, 1905.
Lequin Y. (1983). Les villes et l’industrie. L’émergence d’une autre France. Paris, France : Armand Colin.
Sayad A. (1999). La Double Absence. Des illusions de l’émigré aux souffrances de l’immigré. Paris, France : Le Seuil, coll. « Liber ».
Noiriel G. (1988). Le creuset français. Histoire de l’immigration, XIXè-XXè siècle. Paris, France : Le Seuil.
Vigarello G. (1998). Histoire du viol XVIe- XXe siècle. Paris, Le seuil.
Contributions de livres
Saadaoui, L. (2009). « Perceptions psycho-sociologiques de l’immigration dans le traitement médiatique du fait divers « tournantes » ». Dans A. Cherqui & P. Hamman (dirs), Production et revendications d’identités, Éléments d’analyse sociologique (p. 117-131). Paris, France : L’Harmattan coll. Logiques sociales.
Sayad A., (1997). « L’immigration et la « pensée d’État ». Réflexions sur la double peine ». Dans S. Palidda (dir.), La construction sociale de la déviance et de la criminalité parmi les immigrés en Europe (p.11-29). Luxembourg, Conseil de l’Europe, COST Migrations.
Articles et publications scientifiques
Dris C. (2008). La question migratoire dans les relations euro-méditerranéennes : entre intégration et obsession sécuritaire. Hommes et migrations, 1266, (3), 126-139.
Gastaut Y., Quemada B. (2007). Migrations : quand les préjugés s’en mêlent. Migrations société, 19, (109), 27-206.
Articles électroniques
Dendoune, N. (2015) « Immigration. Une caricature de Dilem sur les naufragés provoque la colère des internautes », Le Courrier de l’Atlas, 25 avril 2015. Repéré à https://www.lecourrierdelatlas.com/immigration-une-caricature-de-dilem-sur-les-naufrages-provoque-la-colere-des-internautes–2933
Bouffier S., Baby-Collin V. et Mourlane S., « Mister Geopolitix », EchoSciences Provence-Alpes-Côte d’Azur, 13 mai 2019. Repéré à https://orem.hypotheses.org/426
Mémoires et thèses
Geisser V., Ethnicité et politique dans la France des années 1990 : étude sur les élites politiques issues des migrations maghrébines (Thèse de doctorat). Université Aix-Marseille 3.
Saadaoui, L. (2010). Traitements et interventions médiatiques autour des « tournantes » en France : du fait divers à la question de l’immigration ? (Thèse de doctorat). Ecole doctorale Perspectives Interculturelles : Ecrits, Médias, Espaces, Sociétés (PIEMES), Metz-Nancy, en partenariat avec Centre de Recherche sur les Médiations, Metz, France.
Notes de bas de pages
[1] Déchiffrer les viols dans nos sociétés, relevé d’un chiffre “gris”, c’est à dire indénombrable dans la mesure où aujourd’hui encore, nombreuses sont les victimes qui n’osent pas en parler.
[2] Initialement La Gazette des tribunaux était destinée à un public de juristes, qu’elle perd à la fin du 19ème siècle pour s’approprier un lectorat de curieux, avides de sensationnel.
[3] Se référer au Code pénal, 1810, article 333. Il est à noter que la loi de 1810 ne donnait pas la définition du viol, mais spécifiait seulement qu’il était passible de travaux forcés. C’est vers la jurisprudence (les décisions des juges) qu’il faut se tourner pour voir comment cette loi était appliquée. Par ailleurs, si La Gazette des Tribunaux mentionnait régulièrement la découverte des faits divers, elle évoquait plus rarement, le résultat des poursuites. Aucun commentaire ne s’attarde encore à leur particularité même si le code aggrave la peine, le « châtiment » pour leur violence extrême
[4] Jean-Marie Le Pen, Élisabeth Guigou et Jean-Guy Talamoni à cette occasion discutaient des valeurs de tolérance de la République sur la question de l’immigration (09/12/2002).
[5] Ali Dilem publie ses caricatures dans le quotidien algérien Liberté, dans l’émission de télévision Kiosque de TV5 Monde sur la chaîne francophone TV5, et dans l’hebdomadaire français Charlie Hebdo.
[6] Par ailleurs, l’opération italienne Mare nostrum disposait de moyens plus conséquents contre moins d’un tiers pour Triton. Des objectifs et un budget qui ne sont pas sans conséquence en termes de moyens humains. L’opération Triton, gérée par l’agence Frontex avec le concours de 18 états de l’espace Schengen qui fournissent des moyens techniques et humains. L’objectif des deux opérations diffèrent cependant. Mare nostrum était clairement affiche comme une mission de sauvetage des migrants en détresse. Ainsi, la zone de patrouille de la marine militaire italienne pouvait s’éloigner de ses côtes pour aller chercher les bateaux de migrants à la dérive dont une large majorité était dans une zone située proche des côtes libyennes. Alors que Triton relève avant tout de la protection des frontières de l’Union européenne. C’est pourquoi la zone de patrouille de Frontex se cantonne aux eaux territoriales italiennes loin de la majorité des naufrages.
[7] L’expression Europe des Six désigne l’ensemble des États fondateurs de l’Union européenne, de 1951 à 1973 soit l’Allemagne, la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas.
[8] La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, initialement nommée LICA pour Ligue internationale contre l’antisémitisme est une association née en 1928 pour combattre l’antisémitisme.
[9] Entretien realisé a l’Amicale des Algériens en Europe de Nancy, le 26 mai 2019.