Avant de se pencher sur l’impact de la propagande a l’ère digitale avec les industries culturelles et créatives (ICC), il s’agit de revenir sur l’émergence des premières industries culturelles telle la radio, dans le contexte particulier d’après crise (1929). Si la démocratisation d’un outil élitiste, n’a pas été sans déplaire, les conséquences risquées d’une liberté d’opinions et de de critiques, pas toujours éthiques sont également mis en lumière.
Médiatisation de la seconde guerre mondiale à l’aune des industries culturelles
Pour les chercheurs de l’École de Francfort, Max Horkheimer (1903-1969) et Theodor W. Adorno (1895–1973), le monde à l’aube de la seconde guerre mondiale, est structuré par ce qu’ils appellent « l’industrie culturelle ». Définies alors comme un ensemble de « nouveaux » médias formé par le cinéma, la radio, la presse, la télévision, elles permettent une « culture de masse ».
A l’ère de la seconde guerre mondiale, et l’apparition d’une société au sein de laquelle les mass-media – la radio puis la télévision – deviennent démocratiquement et économiquement accessibles au plus grand nombre, les effets de l’industrie d’une nouvelle culture de masse doivent être considérés, d’autant plus que, comme l’a montré la politique allemande d’Information et de Communication de Goebbels durant le IIIème Reich, les médias de masse peuvent être bénéfiques mais peuvent être également le moyen d’une propagande acerbe. En effet, pour Joseph Goebbels, ministre de l’Éducation du peuple et à la Propagande (de 1933 à 1945), le national-socialisme, qui est l’idéologie politique du parti ouvrier allemand national-socialiste NSDAP (Nationalsozialistiche Deutsche Arbeiterpartei), et les principes hitlériens voyaient leur diffusion facilitée dans les différentes couches sociales grâce aux mass –media. En effet, le poste de radio, a été le premier grand média de masse à être accessible à une population nationale, après avoir été de prime abord élitiste car très onéreux pour des familles modestes, surtout après la crise de 1929. Cela a été couplé avec la volonté de faire de la radio un appareil du peuple (les postes étaient accessibles en matière de prix, de lieux etc…). Aussi, dans les années 30, tout comme la « Volkswagen » (la « voiture du peuple » née en 1937), la population allemande se démocratise en ayant accès à des technologies que la classe populaire ne pouvait auparavant s’offrir. La rhétorique était ainsi adaptée au média : structure simple du discours, révélation des émotions collectives, transmission des sensations émanant des grands rassemblements jusque dans les rases campagnes du Reich. Ses discours suscitaient et comprenaient beaucoup de questions, ce qui mobilisait le peuple dans sa lutte.
Fas est hab hoste doceri », il est intelligent d’apprendre de l’ennemi
Sur le sujet de la rhétorique a adapter, différentes thèses circulent :
• Convaincre et Argumenter pour convaincre
La propagande nationale socialiste n’était pas nécessairement destinée à l’extérieur mais aussi à l’adhérent du parti, à ses membres. La propagande devait former les adhérents aux idées et les convaincre de devenir membres du parti.
• User de la propagande sur le peuple
Il était ici question de gouverner en imposant une doctrine oligarque aux autres. De là résultait un travail théorique ou intellectuel. Les membres et adhérents devaient comprendre l’idéologie, la faire passer dans l’organisation et lutter quotidiennement pour la victoire dans une transmission des valeurs défendues. Si la propagande arrivait à convaincre les gens, le groupe n’avait pas besoin d’être énorme (les SS étaient en petit nombre) car les convaincus nécessitent un encadrement moindre.
Pour Hitler, la propagande servait aux nouveaux membres mais le groupe ne devait pas être trop important au risque de perdre de son efficacité (dixit Mein Kampf). Pour Joseph Goebbels, les principes hitlériens devaient s’appliquer en direction des intellectuels pour pouvoir s’en servir et en direction des partisans du nazisme (national socialisme qui est l’idéologie politique du NSDAP, Nationalsozialistiche Deutsche Arbeiterpartei, parti ouvrier allemand national-socialiste). Il a misé sur les mass-médias (radio et journaux surtout : les grands discours étaient en direct à la radio).
En ce sens, la propagande de Goebbels sous la gouvernance hitlérienne a été l’une des plus significatives du terme tel qu’on le connaît généralement. Aussi, si le IIIème Reich fut coupable et vaincu principalement économiquement, n’aurait-il pas aussi la proie du succès de ses avancées technologiques en termes médiatiques, en permettant avec l’émergence d’industries inédites, la démocratisation de la radio et ainsi la réception d’informations non éthiques et non régulées conduisant à son affaiblissement ?
Plan du cours :