APPEL A COMM _ AMEDDIAS – 2023
Alger / Luxembourg
Les frontières, qu’elles soient géographiques ou digitales sont remises à l’ordre du jour, ce, en temps de crises. La crise des frontières la plus marquante – d’un point de vue médiatique -, dernièrement étant celle du « Brexit ». Ce, au prisme de paradigmes sociaux, économiques ou même culturels. Les « nouvelles frontières » doivent aussi être repensées géographiquement, que ce soit d’un point de vue de la géographie spatiale, de la géographie comportementale ou encore de la géographie digitale qui concerne la participation citoyenne selon les facilités d’accès aux Technologies de l’information et de la communication (TIC) à l’international … Plus que jamais la « glocalization » tend à nous faire repenser à ces frontières. De la question du traité d’Utrecht, remettant en question l’appartenance de Gibraltar à l’heure de la sortie des britanniques de l’Europe à la question des frontières de la Palestine revues sous l’autorité britannique en passant par la perception du Sahara Occidental par le Front Polisario, par le Royaume d’Espagne ou par celui du Maroc ou encore l’établissement de la Crimée « sans crier gare », le triste anniversaire des 5 ans du Soudan du Sud, il devient nécessaire de resonger à la question des frontières à l’international.
Pour exemple, si l’article 50 du Traité de Lisbonne tend à être discuté de part et d’autres des frontières européennes, on traite très peu de la pérennité et des axes d’évolution des activités britanniques vers les marchés du Commonwealth – parmi ceux-là on compte notamment de riches pays à l’international (notamment l’Afrique du Sud, l’Inde ou le Nigeria). En effet, outre les richesses terrestres de ces pays, il s’agit aussi de se focaliser sur les profits et bénéfices des dernières industries culturelles et créatives (ICC) du Commonwealth bien en avance sur celles des ex-confrères européens du Royaume-Uni.
En effet, le thème des industries créatives s’est imposé dans les années 90, en même temps que l’avènement d’une société inédite où les Technologies de l’information et de la communication (TIC) s’immergent autant dans la sphère publique que privée. Ce, aussi bien dans les pays de longue tradition industrielle, qu’au sein des nations moins industrialisées. Les industries de la création tendent à repenser l’ipséité et des sociétés, tout en reconsidérant ses paradigmes économiques, culturels et politiques. En effet, le développement du numérique offre un nouvel essor à tout un pan de l’économie basée sur la création, domaine sans frontières, permettant une libre circulation inédite. Libre circulation inédite liée à un domaine très vaste qui recouvre la production cinématographique et audiovisuelle, la publicité, l’édition, l’artisanat, le design, l’architecture… Et ce, grâce aux TIC, aux technologies digitales avec des facilités jamais disponibles auparavant, des technologies permettant l’abstraction des frontières.
Si aujourd’hui, le thème des crises tend à être discuté selon la « Bildung », la culture informative propre à différents territoires à l’international, il faut également considérer la réception de ses informations sans frontières. Pour – triste – exemple, le 14 juillet 2016, jour de célébration de la fête nationale, en parallèle aux attaques terroristes sanglantes touchant la ville de Nice, c’est à l’international que les soutiens affluent aux citoyens témoignant de leur détresse, abréagissant leurs affects, partageant leurs effrois via l’application téléphonique « Periscope ». Si cette application clame vouloir abolir les frontières, encourager le partage ou encore repousser les limites de la connaissance, ce sont aussi les côtés plus lugubres qui tendent à être interrogés : suicides en direct, propos haineux ou xénophobes, tout comme à l’ère de la radio après la seconde guerre mondiale. Autant de données inédites qui poussent à réfléchir aux atouts bénéfiques mais aussi aux conséquences néfastes de « nouveaux médias » non régulés dès leur apparition.
Enfin, à l’heure où les guerres concernant l’appropriation de territoires tendent à repenser le rétablissement progressif des frontières (pour exemple en Europe, avec l’arrivée de réfugiés en masse ou encore aux Etats Unis en envisageant un « mur » avec le Mexique), il est aussi nécessaire de s’interroger sur les profits gagnés par certains Etats et a contrario sur les pertes causées pour d’autres (En ce sens, il s’agit de saisir le refus du Mexique de ne pas avoir la volonté de contribuer au financement d’un tel mur). C’est dire que la perception des guerres territoriales par Clausewitz devient bien dure à comprendre à l’heure des TIC.
C’est la raison pour laquelle le retour ou l’établissement de nouvelles frontières ne peuvent être repensées pour l’Homme sans considérer l’avancée de ses technologies qui prennent de plus en plus d’avance sur ses propres savoirs.
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