La Silicon Valley, autrefois vue comme le berceau de l’innovation technologique et du capitalisme moderne, se tourne aujourd’hui vers des concepts autrefois réservés aux mouvements progressistes. Sam Altman, cofondateur d’OpenAI, Elon Musk, Mark Zuckerberg et d’autres titans de la technologie, prônent désormais un revenu universel comme réponse aux bouleversements qu’ils ont eux-mêmes initiés. Ces initiatives soulèvent une question fondamentale : les données personnelles, qui alimentent ces empires, ne sont-elles pas devenues la nouvelle ressource économique par excellence, justifiant une redistribution des richesses à travers un revenu universel ?
Dans « Données », il y a « Don ». L’économie des données, une ressource inépuisable ? Dans ce nouveau paradigme, les données personnelles sont au cœur de l’économie numérique. Ces informations, captées à chaque clic, chaque interaction en ligne, deviennent le carburant des algorithmes d’IA. Ces derniers, de plus en plus sophistiqués, permettent de prédire nos comportements, de personnaliser les publicités, et de créer des produits toujours plus adaptés à nos besoins. Sam Altman et d’autres dirigeants technologiques reconnaissent la valeur incommensurable de ces données, qui sont à la fois une source de pouvoir et de richesse.
Le revenu universel, une nouvelle forme de charité ? Le revenu universel, tel que proposé par Altman et ses pairs, se positionne comme une réponse aux inégalités croissantes exacerbées par l’automatisation et l’IA. Pourtant, cette initiative soulève des questions sur la véritable nature de la charité et de la solidarité dans nos sociétés. Est-ce une manière pour les élites technologiques de soulager leurs consciences face aux bouleversements qu’elles ont causés ? Ne serait-il pas plus juste de redonner à chaque individu le contrôle sur ses propres données, plutôt que de les transformer en une forme de charité institutionnalisée, où l’individu reçoit un revenu de base sans en comprendre l’origine ni les implications ?
Les ONG, une réponse obsolète ? Les organisations non gouvernementales (ONG), autrefois vues comme des bastions de la démocratie citoyenne, semblent aujourd’hui dépassées par la vitesse à laquelle évolue le monde numérique. Critiquées pour leur manque de transparence et leur inefficacité, les ONG sont remises en question face à l’émergence de nouvelles formes d’engagement citoyen, plus locales et plus directes. Le modèle traditionnel de la charité, incarné par ces grandes organisations, ne répond plus aux besoins immédiats des citoyens, comme l’ont souligné les cours du Pr. Dees De Sterio. Peut-être est-il temps de repenser la solidarité à travers des initiatives locales, qui privilégient l’autonomie des communautés et une redistribution plus directe des ressources.
Dans « Données », il y a « Don ». La responsabilité des géants technologiques La montée en puissance des géants technologiques ne se limite pas à l’économie des données. Elle pose également des questions sur leur rôle dans la société. Altman, Musk, et d’autres ne peuvent se contenter de proposer des solutions économiques telles que le revenu universel sans s’interroger sur les fondements éthiques de leur pouvoir. Leur domination sur les données mondiales exige une réflexion profonde sur la gouvernance des algorithmes et sur la nécessité de réguler ce pouvoir de manière à protéger les droits des citoyens.
Le débat sur le revenu universel, alimenté par les propositions de Sam Altman et ses pairs, va bien au-delà d’une simple question économique. Il touche à des questions essentielles sur la nature de la charité, la redistribution des richesses, et la place des données personnelles dans notre société. Alors que nous avançons dans une ère où les algorithmes gouvernent de plus en plus nos vies, il est crucial de repenser les structures de pouvoir et de redonner aux citoyens le contrôle sur leurs propres ressources – à commencer par leurs données. Dans « Données », il y a « Don ».
LS, 26/08/2024