Quand les articles du passé déchaînent les passions

Chronique rédigée par Joséphine Azocar

Le 22/06/2023

Des militants écologistes se font passer pour mort sur la voie publique devant le magasin éphémère Shein à Paris.


Non, vous ne rêvez pas ! Vendredi 5 mai, une soixantaine de jeunes filles se ruent devant le pop-up store de la marque chinoise Shein. Devant elles, des activistes sont allongés sur le trottoir. Ils veulent sensibiliser le public aux dérives de la fast-fashion. Mais les jeunes acheteuses ne semblent pas les voir. Ils appartiennent à deux mondes diamétralement opposés !

La fast-fashion, un phénomène en perte de vitesse que les jeunes délaissent en se tournant résolument vers le vintage. Le vieux et le recyclé retrouvent ainsi leurs lettres de noblesse et attirent une foule jeune et socialement bigarrée devant les friperies de la rue de la Verrerie. Adolescentes sensibilisées au défi climatique, étudiantes désargentées en recherche de pouvoir d’achat ou jeunes filles sensibles aux tendances de la mode, le nombre d’amateurs de vintage ne cesse de grandir.

Mais il n’y a pas que dans le domaine vestimentaire que l’on recycle les articles du passé. Cette tendance existe aussi dans le domaine de La technologie et de la téléphonie en particulier. Vous hésitez entre un iPhone flambant neuf hors de prix acheté chez Apple et un téléphone reconditionné acheté à un prix raisonnable sur Backmarket ? Le doute est-il permis ? L’obsolescence programmée est une réalité que nul ne peut contester et le vieux recyclé devrait toujours l’emporter.

On pointe souvent du doigt la génération Z, cette génération addicte à Tiktok, ces jeunes qui ne lisent plus comme le constatent les boomers. Et pourtant, ces adolescents sont les premiers consommateurs de seconde main. Que ce soit pour affirmer leur singularité, par conscience écologique, par désir d’être original, par souci économique ou par recherche d’une consommation plus éthique et soucieuse des travailleurs, ce sont ces jeunes-là qui font évoluer l’industrie de la consommation qui se voit obligée de changer ses pratiques marketing et de production.

Mais ne généralisons pas. Tous les jeunes ne passent pas forcément des heures à essayer de débusquer des pièces uniques en friperie, ou ne prennent pas nécessairement le risque d’acheter des iPhone reconditionnés. Beaucoup se précipitent encore chez Zara ou chez Zadig & Voltaire, des étudiantes à Assas par exemple, ou bien chez Nike lorsque des collaborations entre marques et influenceurs sont dévoilées et créent des émeutes entre jeunes qui en viennent aux mains pour décrocher la paire de baskets de leurs rêves.

Mais ce n’est pas pour autant que la conscience écologique disparaît. Après avoir acheté quinze tee-shirts chez Shein pour soixante euros, on se console en recyclant les emballages. Une tournée shopping dans les friperies du Marais avec son nouvel iPhone est l’occasion de se donner bonne conscience et de montrer à ses followers que l’on achète des vêtements usés.
L’écologie branchée et technologique, une tendance pleine d’avenir !

Nos jeunes, qu’ils soient engagés écologiquement ou victimes de la mode, montrent parfois le chemin à suivre. En donnant une seconde vie au vieux et en boycottant le « prêt-à-jeter » ils sensibilisent les vieilles générations à la nécessité de changer de modèle de consommation. Le neuf est mort, vive le vieux !

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